En résumé
Dans le cadre du soixantième anniversaire de la Constitution de 1958 qui a donné naissance à la Ve République, l’Institut CGT d’histoire sociale organise une demi-journée d’étude au siège de la CGT à Montreuil (13h30-17h00).
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Présentation du projet
Pourquoi évoquer la République de 1958 ?
La séquence électorale que nous venons de traverser a fait émerger de nombreuses réflexions sur les institutions républicaines issues de la constitution de 1958 qui instaura la Ve République. Celle-ci aura 60 ans en 2018.
Aujourd’hui, la dimension donnée à l’élection présidentielle comparaison faite avec les élections législatives met en lumière un régime politique construit sur un hyper présidentialisme qui est de plus en plus contesté. En ce sens le débat autour d’une VIe République a pris au cours des dernières campagnes électorales une place nouvelle.
Les cohabitations successives vécues d’abord sous le premier mandat de François Mitterrand, puis sous celui de Jacques Chirac, ont conduit les forces politiques de la droite au parti socialiste à promouvoir une révision de la constitution de 1958. Cela s’est traduit par la mise en place du quinquennat puis à une loi inversant l’agenda électoral. Ces deux changements instaurent de fait le principe d’un pouvoir législatif à la solde de l’exécutif. Ces choix politiques ont amplifié la place prépondérante tenue par le Président de la République qui se traduit par un affaiblissement de la démocratie, qu’il s’agisse de la démocratie citoyenne, de la démocratie parlementaire comme de la « démocratie sociale ». Il semble donc important que par un travail sur l’histoire, intégrant les analyses de la CGT et les actions qu’elle a entreprises, nous puissions livrer aux générations actuelles de militants des éléments leur permettant de mieux comprendre la période qu’ils traversent. Cela devrait également amener un éclairage sur les projets portés par le Président nouvellement élu concernant les institutions de la République, comme ses visions relatives à la place et au rôle des parlements mais aussi des organisations syndicales.
Comment la Ve République est-elle née ?
L’avènement de cette Ve République s’inscrit dans un contexte de crise politique majeure. La guerre s’aggrave en Algérie, les tensions internationales sont importantes depuis la désastreuse expédition de Suez et la crise hongroise de 1956, la France vit un déchainement anti-communiste.
La CGT a perçu très rapidement les enjeux démocratiques liés à cette situation ainsi que les relations troubles qui s’organisaient entre les forces réactionnaires politiques et patronales du pays et les mouvements d’extrême droite qui appellent ouvertement au recours à un homme providentiel. Elle se lance dans le combat idéologique contre cette poussée fascisante pouvant conduire à une dictature.
C’est dans ces circonstances et en profitant de la situation chaotique que traverse le pays sur le plan politique que Charles de Gaulle prend la tête du gouvernement et décide que la révision constitutionnelle sera soumise à référendum. La bataille entre dans une nouvelle phase. Il est essentiel de défendre la République et de bloquer toutes les velléités d’instauration d’un régime dictatorial en organisant le combat contre la volonté de De Gaulle de bâtir une République concentrant les pouvoirs autour de lui, car le général n’a rien perdu de ses objectifs exprimés dans son discours de Bayeux en juin 46. Dans cette déclaration historique De Gaulle affirme qu’il est en faveur d’un parlement bicaméral et pour un pouvoir exécutif procédant directement du chef de l’État.
L’appel fut lancé par la CGT pour mener l’action syndicale visant à « sauver la République » par la constitution de Comité de défense républicaine. La CGT appelle également à maintenir une dimension revendicative à la lutte, notamment sur les questions de salaire et de la sécurité sociale.
Malgré cela, Le 2 juin 1958, les pleins pouvoirs sont votés pour une durée de 6 mois et le 3 juin le parlement décide que la révision constitutionnelle sera soumise à referendum. La CGT qualifie l’arrivée de De Gaulle à la tête du gouvernement de « pouvoir personnel ouvrant la porte au fascisme », mais force est de constater que la mobilisation « pour sauver la République » s’est heurté à des difficultés, notamment dans le champ de l’unité.
C’est donc à partir de cet échec que s’organisa un deuxième temps de lutte et de mobilisation pour le « non au referendum-plébiscite ». Certes, les premiers cercles de militants s’engagent avec force dans la bataille des idées mais un trouble existe parmi les salariés. Dans son discours du 11 juin 1958 devant le CCN, Benoît Frachon exprime déjà son pressentiment que la mobilisation de masse sera difficile.
Le 28 septembre 1958, le « non » ne réunira que 20,74% des suffrages exprimés et en novembre les gaullistes obtiennent la majorité absolue à l’Assemblée nationale. La période qui s’ouvre s’avère difficile…
Comment les organisations de la CGT ont-t-elles répondu à cet appel à la mobilisation ?
C’est là que se situe tout l’objet de nos travaux autour de cette année 1958 si riche en évènements où la CGT s’est engagée très fortement sur le champ politique de la démocratie et de la paix.
Sur le plan national, l’unité syndicale fut difficile à construire, mais dans les territoires et au sein des entreprises « des comités de défense de la République » se créent et la mobilisation s’est bâtie dans une dimension unitaire quelques fois plus large. Dans certaines localités et notamment dans les lieux de résidence de corps d’armée de parachutistes, les groupes factieux se sont engagés dans une démarche de déstabilisation. Des attaques directes contre les militants de la CGT et communistes sont commises, les locaux syndicaux et les institutions de la république sont eux aussi visées. En Corse, à Pau mais aussi à St-Chamond, Roussillon, à Lyon, Toulouse, ce sont les bourses du travail, des Salles Municipales qui font l’objet d’attentats.
Il sera intéressant de voir comment la CGT a réagi et s’est organisée pour faire face à ces actes violents aux relents fascistes.
« Durant trois semaines, la classe ouvrière a mené un combat acharné pour la défense de la République et des libertés ouvrières et démocratiques » déclara Benoît Frachon dans le peuple du 1er juin. Mais ce combat, entamé autour de la mi-mai 1958, fut certainement mené de façon inégale selon les professions et les territoires.
Notre volonté est donc de travailler à des monographies qui relatent concrètement les différentes formes qu’ont prises ces mobilisations.
A partir des archives des syndicats, des UL et UD comme des fédérations; à partir de témoignages de militants syndicaux ayant vécu cette période; il sera intéressant de voir les actions menées, leur caractère, leur intensité, la complexité des débats internes à la CGT et avec les salariés.
Ces monographies peuvent couvrir des champs différents de l’entreprise au territoire, en fonction des réalités locales et des ressources historiques exploitables. Ces différences peuvent être liées aux champs professionnels, à l’implantation syndicale de la CGT, à la dimension unitaire avec FO et/ou la CFTC, à l’influence politique au sein des structures de la CGT, etc.
Ce travail va s’établir sur un temps long et doit s’engager dès à présent pour permettre d’avoir des documents de communication achevé en septembre 2018, pour programmer une journée d’étude et de restitution en novembre 2018 et par la suite engager une publication. Cela ne laisse donc qu’une année pour aboutir à des monographies finalisées.
Le programme de la journée d’étude
Le programme de l’initiative sera publié prochainement.
Publication du colloque
Une publication des travaux réalisés à l’occasion de cette journée d’étude est prévue.
Celle-ci devrait voir le jour dans le second semestre 2019.